Cornelius Castoriadis était un philosophe, économiste et psychanalyste grec, naturalisé français. Il est considéré comme l’un des penseurs les plus importants du XXème siècle. Son œuvre « Du jour au lendemain », publiée en 1977, est une réflexion sur la nature de la démocratie et de la société moderne. Nous allons explorer les idées clés de ce texte et leur pertinence dans notre monde actuel.
La démocratie comme auto-institution
Pour Castoriadis, la démocratie n’est pas simplement un système politique, mais une forme d’auto-institution de la société. Il considère que la démocratie est une création collective de la société, qui émerge de la volonté des citoyens de se gouverner eux-mêmes. Cela implique que la démocratie ne peut pas être imposée de l’extérieur, par exemple par une élite politique ou économique, mais doit être construite de manière autonome par la population.
Cette vision de la démocratie repose sur la théorie de l’imaginaire social développée par Castoriadis. Selon lui, l’imaginaire social est l’ensemble des significations et des valeurs qui sont partagées par les membres d’une société. C’est cette dimension imaginaire qui permet à la société de se réguler elle-même, en créant des normes et des institutions qui sont reconnues et respectées par tous.
La critique de la société de consommation
Pour Castoriadis, la société de consommation est une menace pour la démocratie. Il considère que cette société est basée sur la satisfaction des besoins individuels, plutôt que sur la création de sens collectif. Selon lui, la société de consommation encourage les individus à se concentrer sur leurs désirs immédiats, plutôt que sur les besoins de la communauté.
Castoriadis voit également la société de consommation comme une forme de domination, dans laquelle les individus sont réduits à leur rôle de consommateur. Il considère que cette domination est renforcée par la technologie, qui permet aux entreprises de manipuler les désirs des consommateurs de manière de plus en plus sophistiquée.
La nécessité d’une démocratie radicale
Pour Castoriadis, la démocratie doit être radicale, c’est-à-dire qu’elle doit impliquer une participation directe des citoyens à la prise de décision. Il considère que la démocratie représentative, dans laquelle les citoyens élisent des représentants pour les gouverner, est insuffisante, car elle ne permet pas une véritable participation des citoyens à la vie politique.
Cette vision de la démocratie radicale est inspirée des mouvements sociaux des années 1960 et 1970, qui ont remis en question les formes traditionnelles de participation politique. Castoriadis voit dans ces mouvements une forme d’auto-institution de la société, qui peut contribuer à la construction d’une véritable démocratie.
La pertinence de « Du jour au lendemain » aujourd’hui
Plus de 40 ans après sa publication, l’œuvre de Castoriadis reste pertinente pour notre monde actuel. La crise de la démocratie représentative, la montée du populisme et la remise en question des élites politiques et économiques sont autant de signes de l’urgence d’une démocratie radicale.
La critique de la société de consommation est également toujours d’actualité, alors que les inégalités économiques et sociales continuent de se creuser et que les déséquilibres écologiques menacent notre planète.
Enfin, la théorie de l’imaginaire social de Castoriadis peut nous aider à comprendre les transformations en cours dans notre société, notamment l’émergence de nouveaux mouvements sociaux et de nouvelles formes de participation politique.
Pour finir, l’œuvre de Cornelius Castoriadis « Du jour au lendemain » est une réflexion profonde et stimulante sur la nature de la démocratie et de la société moderne. Son appel à une démocratie radicale, basée sur la participation directe des citoyens à la prise de décision, reste d’une grande pertinence aujourd’hui. En explorant les idées de Castoriadis, nous pouvons trouver des pistes pour construire une société plus juste et plus démocratique, qui prenne en compte les besoins de tous les membres de la communauté.